(La photo ci-dessus n’est plus très récente — les arbres sont tout pelés maintenant et nous avons eu notre première neige fondante samedi).
Me voilà encore en plein milieu de la nuit, exilée dans mon petit bureau-studio devant l’écran parce que le sommeil m’échappe. Ça ne m’arrive pas souvant mais quand c’est le cas, autant embrasser ce temps d’éveil bonus pour mettre le point par ici sur les évènements des derniers mois dans ma vie.
Après le TESOL diploma, j’ai enchaîné avec des certificats de spécialisation: Teaching Business English, Teaching IELTS et maintenant Teaching English Online. Ouf, je suis enfin en train de terminer mon dernier cours en ligne… J’espère que tout ça va me servir à quelque chose!
À part ça, je planifie aussi avec beaucoup d’anticipation deux jours d’escapade à Toronto dans deux semaines. Je dois renouveler mes documents au consulat français, alors je vais joindre l’utile à l’agréable et en profiter pour visiter ma copine T (la brésilienne qui a vécu à Berlin) qui n’est plus ma voisine depuis cet été (snif). Après avoir fini ses études, son mari a trouvé un emploi là-bas à la grande ville (The Big Smoke) et ma grande amie de coeur habite maintenant avec sa famille loin de moaaa… Nous étions dévastées, mais que pouvions-nous y faire? Mais bon, elle m’avait bien fait comprendre que dorénavant si je devais passer par Toronto, j’étais la bienvenue pour dormir sur leur sofa. Youpi. 🙂
Mon rendez-vous au consulat est autour de 10h du matin, alors au lieu de faire le trajet de 4 heures le jour-même et risquer d’arriver en retard (ou de rater le rendez-vous), je voyagerai en train la veille au matin pour arriver à la Union Station en début d’après-midi. Nous aurons alors toute l’après-midi, la soirée et le jour d’après (le retour est en fin d’après-midi) entre copines pour papoter et rigoler. Peut-être qu’on mangera des trucs et qu’on fera du shopping, mais c’est optionel… Ça va juste faire du bien de décrocher pendant deux jours et laisser les responsabilités du train-train quotidien derrière moi: j’ai avertit mes élèves et je laisserai mari et enfants se débrouiller entre eux (ils seront sûrement heureux comme des pachas à manger des saucisses et des pâtes). J’espère seulement ne pas oublier le rendez-vous!
Je vous laisse avec un p’tit morceau de musique qui s’appelle adéquatement “L’heure avant l’aube”:
Alors je vais vous faire un petit résumé vite-fait bien-fait (*edit* Tout compte fait, c’est pas très résumé, alors que dire? Régalez-vous! haha) des évènements des derniers temps. Je ne sais pas par où commencer (ça fait des semaines que j’ai commencé et recommencé ce post plein de fois, en anglais et en français) parce qu’il y a tellement de p’tits trucs que j’ai peur de me perdre dans les détails, mais au fond (comme je le dis à mes élèves) il faut bien commencer quelque part! Alors, voilà:
Il y a quelques mois (en septembre, je crois), la seule élève qu’il me restait à l’école de musique a décidé de “prendre une pause”, alors je suis retournée à la maison ce jour-là avec le moral dans les chaussettes sans date de retour prévue dans cette école. Dans la foulée, j’ai eu plusieurs nouveaux élèves (en piano et en français) qui ont commencé des leçons à la maison, alors le moral est remonté comme une flèche! Parallèlement, ça faisait plus d’un an que je n’avais pas croisé l’ombre d’un projet de livre audio intéressant et je trouvais fort dommage que cette activité n’ai pas de suite, ça me turlupinait. Et maintenant que les enfants allaient (enfin!) recommencer l’école en présentiel (semblait-il) j’allais avoir un peu plus de temps libre pour… me dédier à quoi? J’ai plein d’occupations, mais à quoi ressemblait mon activité “professionelle”? À tout et à rien! Bref, ma tête bouillonait et je me demandais quel sens donner à ma vie!
En voyant ma “détresse” (étais-je en détresse ou plutôt “en questionnement”?), D me conseille d’étudier pour “être prof ou un truc comme ça” puisque j’aime enseigner. Sur le coup je l’ai mal prit, je croyais qu’il insinuait par là que je n’étais pas assez occupée (entre la maison, la musique, les enfants, et les élèves, je ne gagne pas beaucoup d’argent mais je ne m’ennuie jamais!)… En fait je crois que ce jour-là mon pleurnichage tournait dans tous les sens, je l’étourdissais, et c’est mal sortit, haha! Bref. On en a bien discuté et finalement il disait tout haut ce que je pensais depuis longtemps: puisqu’il avait enfin un emploi stable et que les enfants ne sont plus tout petits, j’ai un peu de temps à moi pour penser à me perfectionner professionellement, prendre des cours, une formation, obtenir des certifications qui m’ouvriront des portes ou des fenêtres… Tout ça quoi.
Alors je me suis lancée à la recherche d’informations dans un labyrinthe de programmes universitaires, en-ligne et présentiels, en français ou en anglais, trop loin, trop longs, trop coûteux, etc. Comme j’avais lu plusieurs articles qui criaient haut et fort que la province de l’Ontario a un besoin urgent d’enseignants francophones dans les écoles, je me suis dit que ça tombait bien, je suis francophone, j’ai un diplôme universitaire en musique et plein d’expérience en enseignement, ça semblait être parfait! Malheureusement j’ai réalisé que de m’embarquer dans un autre Bachelor de 3 ans (en enseignement) (à temps plein) n’était pas envisageable pour l’instant (au Canada les programmes universitaires sont chers–autour de $20’000 par an– et malgrès le soi-disant besoin d’enseignants je n’ai pas trouvé l’ombre d’une bourse). Il me fallait un programme court (qui me donne un diplôme vite-vite 😆 ), flexible (en-ligne c’est mieux) et intéressant (cela va de soi). J’hésitais entre la traduction et l’enseignement, quelque chose en rapport avec les langues puisque :
j’en parle six
2. que j’ai adoré enseigner trois d’entre elles au Brésil (français anglais allemand)
3. mais que je n’ai concrêtement aucun diplôme pour prouver mes capacités.
Fast forward, je me suis décidée pour un TESOL diploma (Teaching English to Speakers of Other Languages): un diplôme pour enseigner l’anglais langue seconde. Je pense que c’est une bonne idée pour plusieurs raisons: d’abord c’est bien d’avoir enfin un diplôme, un truc qui dise que je suis capable d’enseigner des langues (enfin, dans ce cas spécifique c’est pour l’anglais, mais je suis sûre que la méthodologie est applicable pour les autres langues), en plus le syllabus m’intéressait tout plein avec des lessons pour apprendre à planifier mes propres cours selon divers modèles (et ça aussi je peux sûrement l’appliquer à l’enseignement des autres langues), la phonologie/phonétique/prononciation aussi me passionne, et puis… Enfin, bref ! (je dis beaucoup de “bref” !) Les cours m’intéressaient, oui, mais je n’étais pas encore persuadée que c’était fait pour moi: Bien que je parle l’anglais tous les jours depuis des années (et que je lis beaucoup et principalement en anglais), ce n’est pas ma langue maternelle… Ai-je le niveau suffisant pour l’enseigner au Canada où il y a certe plein d’immigrants, mais aussi plein de locuteurs natifs? Alors pour me rassurer je suis allée voir sur le site de l’association professionelle des profs d’anglais langue seconde au Canada (TESL Canada) pour voir quels étaient les examens reconnus et quelles notes obtenir:
Non-native speakers who have not completed a university degree in an English speaking country are eligible to take the Advanced TESOL Certificate or TESOL Diploma program, but they are informed that they must obtain a valid English Proficiency Score. From October 1st, 2015 onward TESL Canada will accept only IELTS Academic (Overall 7 with a minimum of 7 in each skill area) and TOEFL iBT (Overall 101 with a minimum of 23 in Listening, 24 in Reading, 27 in Speaking and 27 in Writing).
Passer l’examen du IELTS a été une aventure en elle-même: pour s’inscrire il me fallait un passeport valide et… tous les miens étaient expirés! Argh! Alors je suis allée renouveller mon passeport canadien pour 10 ANS pour être tranquille! Puis, pendant un mois, gros stress pour préparer l’examen: ça faisait combien d’années que je n’avais pas écrit d’argumentative essay? Bref, j’ai étudié, j’étais nerveuse et finalement le jour-J est arrivé et… j’ai eu d’excellents résultats! (les notes sont sur 9.0) (et il me fallait minimum 7.0 dans chacune des matières).
Woohoo!
Très cool, non? (je ne sais pas pourquoi mais ces résultats n’ont surpris que moi, mes amies ont visiblement une meilleure estime de moi… Merci les copines (et mon mari) (lui aussi fait partie du fan club des pas surpris que je sois capable, mais bon lui c’est normal, non? 😉 )). BREF.
Alors après ça, armée de confiance nouvelle, je me suis finalement inscrite dans ce cours de TESOL qui me bouffe un temps fou depuis plus de 6 mois. Normalement je devrais avoir le diplôme à la mi-juin, puis j’enfilerais tout de suite avec 3 autres certificats de spécialisation (Business English, Teaching Online, Teaching IELTS).
Voili voilou, c’est tout pour aujourd’hui! J’espère revenir très bientôt par ici, mais entre les enfants, les élèves, les devoirs de TESOL, mes promenades (pour la forme physique) et les flûtes à bec -soprano, alto, ténor, BASSE (la toute dernière, elle est toute neuve!) (pour la forme psychique), j’ai pas trop l’temps de m’amuser alors on verra!
La semaine passée était la semaine la plus moche de l’histoire des semaines moches. Les journées étaient grises et la pluie intermitante TOUS LES JOURS! Malgrès ce temps très maussade (et les températures qui font des hauts et des bas — surtout des bas), je me suis efforcée (et les fistons aussi) à sortir tous les jours pour se dégourdir les jambes. La plupart des jours c’était la petite promenade riquiqui autour de la voie ferrée (30min) pour ne pas se faire arroser, mais on a quand même prit des gouttes froidissimes sur la tronche mardi après-midi… Nous étions sortis avec le ciel menaçant, j’espérais passer entre les gouttes et puis finalement ça a commencé à pleuvoir à mi-chemin! Brrr. Résultat : j’ai des douleurs lombaires depuis ce week-end. (Je sais pas si j’ai “pris un coup de froid” ou si j’ai passé trop de temps assise… Peut-être les deux! M’enfin, je ne peux rester ni assise ni debout sans bouger, c’est pénible!) (Je ne sais pas pourquoi j’écris entre parenthèses, j’ai l’impression de vous raconter un secret… Et pourtant y’a rien de mystérieux!). Bref.
Vendredi, il y avait les pompiers, la police et d’autres voiture qui barricadaient la rue : une maison inhabitée (qui avait déjà brûlée il y a quelques mois) qui fumait! Probablement un problème électrique parce que j’ai vu une voiture du service d’électricité… En arrivant devant cette animation, tout était bloqué et en plus il s’est mit à pleuvoir! On a fait demi-tour et nous sommes retournés à la maison. Echec total.
Malgrès tous ces contre-temps, mardi (de la semaine passée), j’ai eu une conversation surréelle et fantastique qui est restée avec moi tout le reste de la semaine! (Et j’y pense encore).
J’avais laissé un message de “joyeux anniversaire” sur le profil d’une ancienne amie sur FB. Sans trop d’espoir qu’elle me réponde (elle n’a pas l’air d’utiliser son compte), j’ajoute un ” (…) j’aimerai bien avoir de tes nouvelles!” au passage. Après quelques jours de silence, mardi soir, on se retrouve enligne au même moment et on commence à clavarder! Comme c’était l’heure de mettre les enfants au lit, je lui demande si “je peux te rappeler?”… “Oui!”.
Ce qui s’est ensuit alors a été une conversation épique de plusieurs heures! (J’ai raté le réveil le lendemain, oups — les enfants étaient “en retard” pour l’école).
Comme nous avions plusieurs années à ratrapper, nous nous sommes racontées nos vies et avons beaucoup ri de nos situations opposées : Elle, elle a bien réussi du point de vue financier (elle a investi dans l’immobilier et peut s’arrêter de travailler maintenant si elle veut… Elle n’a même pas 40 ans!), par contre elle est encore célibataire et aimerait bien avoir une famille! Je suis mariée avec des enfants, mais j’aimerai bien être plus stable financièrement! Cela faisait presque vingt ans que l’on ne se parlait pas, et pourtant notre discussion coulait comme si on s’était quitté la veille… Il a quand même fallu se donner le résumé de tout ce qu’on avait raté, mais les sujets ne restaient pas en surface, les idées rebondissaient… C’est quand même fou que le courant passe si bien avec une amie qui a eu une vie tellement différente de la mienne. C’était électrifiant et magique! 🤩
(Dans ma ô grande sagesse, j’aime dire que le triptyque d’une bonne conversation est de parler de “la vie, la mort et la spiritualité”!)
Depuis quelques années, pendant tout le mois de décembre, notre ville organise “Bright Lights”, une sorte de festival de plein air avec des lumières de noël ! Un des parc central de la ville est illuminé de toutes les couleurs : des guilandes sur les arbres, clignotantes ou pas, des installations avec rennes, des papa-noëls, des tunnels, un sapin géant et même des projections. Le tout baigné de musiques de circonstances : Jingle Bells et Ô Holy Night de toutes les versions possibles et imaginables, ha ha ! À certaines heures, il y a aussi quelques cabanes qui font marché de noël. L’ambiance est festive et… en plus, l’accès est gratuiiit !
La première fois qu’on y est allé (en 2017, fraichement retournés du Brésil), il faisait -20°C… La neige était un bloc de glace qui reflètait les lumières multicolores. C’était dangeureux, mais magique! En plus on y est allé en fin de journée, presque à la fin de l’exposition (fin décembre ou tout début de janvier), donc il n’y avait pas de foule, on a pû déambuler le nez à l’air, laisser les enfants faire les fous (en prétendant qu’on ne les connaissait pas) et c’était magnifique.
Nous y sommes retourné chaque année depuis. Une sorte de nouvelle tradition c’est installée dans notre famille pour la période d’avant, pendant ou après noël. L’année passée il pleuvait, mais on y est allé quand même et je n’ai pas regretté. C’est toujours beau et ça me met de bonne humeur.
Malheureusement, cette année le festival des lumières a été annulé dans le parc, mais la ville a décidé de diviser le budget et le matériel vers différentes rues commerciales des quartiers, aux quatres coins de la ville. (En fait ces rues commerçantes correspondent plus ou moins aux centres villes d’anciens villages qui se sont greffés pour former la présente ville de W). Alors nous avons un petit coin du festival des lumières à deux pas de chez nous ! J’adore !
Jeudi soir je reçois un email du conseil des écoles dont fait partie celle des enfants qui m’informe que, suite à la décision du bureau de santé publique de notre région, toutes les écoles fermeront à partir de lundi, une semaine avant le début des deux semaines de vacances de noël. Deux semaines de vacances, transformées en trois semaines à la maison, qui sont devenues “jusqu’à nouvel ordre”, puisque le lendemain les enfants sont revenus de leur dernière journée avec tout leur matériel scolaire dans des grands sacs en plastique (chaussures d’intérieur, cahiers, feutres, crayons) comme si s’était la fin de l’année… L’instruction se fera à distance à partir de lundi.
J’ai tout de suite communiqué avec T (ma copine brésilienne) pour lui dire qu’il va falloir qu’on s’organise des promenades une fois par jour avec les enfants, sinon enfermés toute la journée ils vont tout casser et je vais devenir folle ! Au secours !
Et puis le soir même, vendredi, j’apprend qu’en fait toute la région va être à nouveau en confinement… Meu Deus, je plains tous les petits commerçants, vraiment, quelle catastrophe ! En effet, l’ambiance à l’école de musique n’était pas très joviale ce matin. C’était les derniers cours jusqu’à nouvel ordre… 😦
Un autre email de notre pasteur nous informe qu’il ne pourra plus y avoir de rassemblement de plus de dix personnes à partir de lundi et pour une période d’au moins 28 jours. What !?! Pas de culte de noël ? Nooooooooon ! 😥 Nous aimons bien célébrer noël simplement entre nous sans gros repas ni trop plein de cadeaux qui débordent de partout, mais quand même noël sans pouvoir aller à l’église perd tout son sens… Quelle tristesse !
En ces temps de visages masqués, je me suis rendue compte de plusieurs choses : bien que je ne souffre pas de prosopagnosie comme l’héroïne de mon dernier livre audio, ma capacité de reconnaitre les visages masqués est très limitée, surtout hors contexte (j’ai croisé la bibliothéquaire dans la rue et je ne savais pas qui elle était!). Aussi, au-delà du défi auditif (masque + écran de plexiglas), je pense qu’à certains degrés en temps normal nous lisons tous sur les lèvres des autres. Nous ne vivons pas un temps normal, donc je ne comprend pas la moitié de ce que les gens me disent. Ça m’énerve ! Je n’ose même pas imaginer la difficulté et l’isolation que doivent ressentir les gens sourds qui dépendent vraiment de pouvoir lire sur les lèvres pour naviguer en société.
La solitude ne m’a jamais dérangé. Après tout, en grandissant ma mère passait souvent des après-midis entiers à dessiner, mon père s’enfermait dans son bureau pour travailler, j’ai toujours aimé lire, et j’ai aussi passé des années à pratiquer le piano ou le chant. Toutes des activités solitaires. Mais je me rend compte que je vis mieux ces périodes de solitude quand je peux les entrecouper d’épisodes de communication “intense”. La sociabilité n’est pas seulement la capacité de pouvoir discuter ou faire la fête avec des amis, on ne communique pas seulement avec des mots. Le language corporel exprime plus que de simples paroles. (D’où l’importance de l’art dans nos vies, sans quoi on se prive d’une grande partie de notre humanité !) Quand on se prive de la moitié du visage de son interlocuteur, on se prive de la moitié de la conversation. J’ai ressentit un grand malaise quand, après plusieurs mois de fermeture, je suis enfin retournée à la bibliothèque du quartier. Tout le monde était, bien-entendu, masqué. La convivialité habituelle avait disparu pour donner place à des phrases courtes, fonctionelles. Je me suis sentie comme un zombie, inhumaine, robotique… Je suis vite repartie parce que ça m’a donné un coup de déprime ! (de toutes manières ils ont enlevé les tables, chaises et fauteuils: on ne peut plus rester bouquiner !)
Heureusement que j’ai une nouvelle amie qui est apparue dans ma vie au bon moment ! C’est un début d’histoire super sympa.
Pendant le mois d’août, alors que je visitais le parc à splash pad avec les enfants, ce jour-là il faisait une chaleur écrasante et pour me rafraîchir je disais aux enfants de se mettre à courir vers les jets d’eau avec moi pour que je n’ai pas l’air (trop) folle toute seule. Il n’y avait presque personne. Je m’en fous un peu de ce que “les autres” pensent, mais c’était surtout une excuse pour qu’ils bougent leurs fesses au lieu de lire leurs BDs (pas que ça me dérange qu’ils lisent, mais on ne va pas jusqu’au parc pour rester cloués autour de la table à pique-nique !). Bref. Nous étions au parc et je me rafraîchissais allègrement aux jets d’eau en observant les autres humains autour de nous (en période de post-confinement, j’avais une soif particulière de voir les gens en vrai). Ça faisait quelques fois que je remarquais une autre maman avec ces enfants (plus petits que les miens) et je ne sais pas pourquoi mais je me disais qu’elle avait l’air brésilienne… Alors discrètement je me dirigeais dans sa direction et j’essayais de l’écouter parler avec ses enfants pour déterminer si elle parlait portugais ou espagnol. “Par hasard”, on s’est retrouvé côte à côte, on se regarde, on se sourit et elle me demande si je suis brésilienne ! Ha ha !
En fait, c’était pas creepy du tout hein, elle faisait la même chose que moi ! 😆
Un gros orage d’été a soudainement éclaté 5 minutes plus tard, alors on n’a pas pû trop discuter ce jour-là, mais avant que l’on se mette à courir dans tous les sens sous le déluge, elle m’a tendu ses coordonnées chiffonnées sur un bout de papier…. No way, elle habite dans un appartement juste en face de chez moi ! Trop chouette: une voisine brésilienne avec qui je peux continuer à papoter en portugais !
Après quelques échanges, j’apprend qu’elle et son mari (qui s’appelle D comme le mien !) ont habité quelques années en Allemagne avant de venir ici. Ils sont arrivé au Canada au mois de janvier cette année, les pauvres ! À cause de la crise sanitaire, ils se sont retrouvés dans une situation financière bien difficile. Ils avaient prévu des économies pour les quelques mois d’études du mari avant qu’il ne puisse trouver un stage payé (intership), mais comme la majorité de la planète, études (pour lui) et recherche d’emploi (pour elle) ont été suspendues pendant plus de 6 mois…
Et puis j’apprend qu’ils n’ont ni permis, ni voiture, quelle galère pour le supermarché ! Donc je lui ai proposé de m’accompagner quand j’y vais. Une fois par semaine, je lui envoi un message quand je m’apprête à aller faire les courses et nous y allons ensemble. Elle dit ne pas savoir comment me remercier, mais franchement sa companie me rend la corvée d’aller faire des commissions infiniment plus agréable. Surtout qu’au-delà de l’absurdité de la situation mondiale, il est déjà tellement difficile de se faire des nouveaux amis quand on est adultes, un peu nomades, dans une nouvelle ville, un nouveau pays, et avec des enfants ! Nos précieuses sorties hebdomadaires, nos discutions, nos rigolades sont un baume au coeur en ces temps amers.
Je vous laisse avec des extraits musicaux d’une autre de mes obsessions musicales de ces derniers mois (en plus de la flûte à bec) la vielle à roue ! Si la vielle était aussi abordable que la flûte à bec, j’en aurai déjà acheté une, mais malheureusement (ou heureusement pour les oreilles de ma famille et les voisins, ha ha!) il n’y a pas de luthier de vielle à roue en Amérique du Nord, il y a des listes d’attente de plusieurs mois (parfois plus d’un an!) chez les luthier européens, et, en plus, nous avons zéro budget (pour un tel bijou superflu) pour l’instant (il faut compter au-delà de $1000 pour un bon instrument de base)… Mais ce son m’enchante ! Et quel instrument magnifique ! J’adore !
Je vois qu’une fois de plus j’ai été trop longtemps absente de ce blog : mon journal de bord est partit à la dérive, tout comme mes pensées qui flottent au rythme du quotidien familial.
Les garçons ont (enfin !) reprit le chemin de l’école. Protocole sanitaire oblige, ils sont “armés” de leurs masques. J’en ai cousu plusieurs pour chacun avec des bouts de tissues d’anciens projets et en “recyclant” l’élastique des masques jetables. Ça m’a couté zéro dollars, plusieurs minutes de travail par-ci, par-là, et une grande satisfaction d’avoir resortit mon matériel de couture !
J’hésite à écrire ici ce que je pense de cette mascarade. Cette crise sanitaire à réussi à polariser tout le monde, même les amis, même la famille : ceux qui ont peur de mourir, ceux qui ont peur de vivre, ceux qui croient (trop ?) aux médias, ceux qui croient (trop ?) aux théories les plus absurdes, ceux qui pensent que les autres sont débiles de ne pas penser comme eux, etc. Le monde est devenu complètement fou… plus que d’habitude.
Mes dernières discussions avec mes amies proches (mais que je ne vois pas souvent puiqu’on habite loin) sont précédées de quelques minutes indécises, chacune essayant d’aborder le sujet avec des pincettes pour essayer de voir si l’autre est devenue “folle” (Are you a crazy person ?).
À l’école de musique j’alterne entre le masque (élèves de piano) et la visière (pour les élèves de chant), cette dernière me donne un mal à la tête après seulement 30 minutes de port (le temps d’une leçon). Je plains ceux qui les porte tout la journée. Il y a aussi des lingettes désinfectantes à côté du piano pour le nettoyer entre chaque élève… Malgrès tout, je suis contente d’être retournée enseigner “en vrai”, et l’école de musique est soulagée de pouvoir reprendre ces activités malgrès une grande inquiétude puisqu’il n’y a que 50% de réinscriptions par rapport aux années précédentes….
Malheureusement (et heureusement) cette reprise ne sera que de courte durée pour moi puisque D à enfin trouvé un emploi de soudeur dans une entreprise qui a l’air sérieuse ! On l’a tellement espéré qu’on commençait à ne plus y croire. C’est une super bonne nouvelle pour nous (et notre situation financière), mais un peu triste pour ma job à l’école de musique: pour le premier mois (qui commence aujourd’hui) D sera en formation pendant l’horaire de jour (de 7h à 15h30), ce qui me permet de continuer encore un peu, mais ensuite son horaire sera de soir (de 15h30 à minuit). Je n’aurais eu ni la voiture pour aller à l’école de musique, ni personne pour rester avec les enfants. Alors j’ai avertit l’école pour qu’ils puissent trouver quelqu’un pour me remplacer.
Je rêve à nouveau d’acheter une maison où je pourrais aménager une “music room” (chambre à musique ? Salle à musique ?) pour pouvoir enseigner sans sortir de chez moi. Mais bon, il ne faut pas que je m’emballe trop vite… Nos économie sont encore inexistantes et j’ai déjà dû annuler tellement de mes rêves ses dernières années !