Lire avec les oreilles

Trouver un livre audio agréable aux oreilles est encore plus difficile que de trouver un p’tit roman quelconque à se mettre sous la dent (et surtout sous les yeux). Non seulement il faut se sentir d’humeur et à disposition pour avaler l’histoire qui nous est proposée (je n’ai pas toujours envie de voyager dans le temps, ni de trop dramatiser, ni de trop réféchir… néanmoins parfois je veux la TOTALE!), mais il faut aussi sympatiser avec la voix, l’intonation et la vitesse de croisière du narrateur (bien que je n’hésite pas a utiliser le bouton pour accélération x1.5 ou x2.0). En d’autres termes, aimer la version écrite ne garanti pas forcément d’aimer la version audio, et vice versa. Parfois une histoire qui me semble tout à fait appétissante devient carrément insipide dès que j’entend la voix du narrateur : trop lente, trop aigüe, trop “fake”, pas assez… Je sais pas, c’est vraiment personnel quoi!

Dans mon palmarès tout à fait personnel, et sans ordre précis, j’avais bien aimé Beneath a Prairie Moon by Kim Vogel Sawyer. Je me souviens seulement avoir choisi cette lecture légère pour l’été : une romance prévisible avec des personnages moyennement crédibles en costumes western. Juste de quoi me dépayser un p’tit peu, sans trop me prendre la tête, si possible sans trop de clichés, et pourquoi pas rigoler un coup (il me semble avoir été bien servie par certains personnages). Je ne m’attendais certainement pas à cette narration de haute voltige digne du Cirque du Soleil !!! Pilar Witherspoon (la narratrice) jongle avec aisance entre les voix des femmes de la ville, bien éduquées, et les hommes rustiques avec leurs accents du sud (américain). Je ne me souviens plus vraiment de l’histoire, ni de la qualité de l’écriture, mais c’était un livre audio tout à fait spectaculaire (pour les oreilles) !

Dans un tout autre style, Dragonfly by Leila Meacham m’a accompagné pendant de nombreuses promenades automnales (18h d’audio!). Plusieurs jeunes américains provenant de milieux différents vont s’infiltrer à Paris comme espions pendant la deuxième guerre mondiale: un athlète texan d’origine allemande, le fils d’une mère française et d’un riche homme d’affaires, un pêcheur à la mouche pauvre du Midwest, une créatrice de mode orpheline et une ravissante escrimeuse. Au début cette grande production m’était un peu difficile à suivre puisqu’il y a un cast entier de onze narrateurs 😲, c’était un peu déroutant, mais au final je me suis laissée prendre au jeu et j’ai adoré du début à la fin!

The Fine Art of Murder by Emily Barnes était aussi une très bonne lecture audio. Le jeu était juste, la narration était parfaitement appropriée et vivante à souhait. En fait, je veux être comme elle quand je serais grande! 😆

Et enfin, vous le savez déjà si vous êtes ma copine de blog ; mon plus récent coup de coeur a été Murder in Old Bombay by Nev March. Que dire de plus? La narration, l’histoire, le mystère, les personnages, l’Inde coloniale, bref TOUT était intéressant, dépaysant, fascinant, satisfaisant… J’en veux encore!

Captain James Agnihotri

(jour 13 : 1h45)

Dimanche. J’avais hâte de me retrouver avec mon audio lecture du moment alors j’ai marché plus loin que d’habitude le long du Riverfront Trail pour faire dûrer le plaisir. Il faisait beau et les chapitres que j’écoutais étaient particulièrement captivants (le protagoniste voyage de Mumbai jusqu’à Lahore, plusieurs jours en train, mais à son arrivée des troubles civils éclatent à Lahore et il est obligé de repartir presqu’aussitôt à pied… Aventures et mésaventures dans l’Inde de l’époque coloniale. C’est passionant! ).

J’ai marché presque deux heures sans m’en rendre compte.

*

(jour 14 : 1h30)

Lundi. Aujourd’hui, réveil de bonne heure pour la journée d’instruction en-ligne des garçons. Nous n’étions pas très sûrs comment ça allait fonctionner et les enseignantes non plus d’ailleurs. Elles ont envoyé quelques exercices à compléter, qu’ils corrigeront demain “en classe” et se sont donné le reste de la journée pour s’organiser. Heureusement les enfants avaient terminé leur devoirs avant midi.

On a pu profiter du beau temps pour longer à vélo tout le Riverfront Trail aller-retour (oui, encore). Ça fait tellement du bien le soleil! Le vent dans le visage! L’eau! Les arbres fleuris! Les pétales qui s’envolent! Les tulipes multicolores!

pluie intermittente

(jour 5 : 1h à vélo) Samedi. J’ai emmené les enfants avec moi faire un tour à vélo jusqu’à Malden. Le temps était humide, parfois menaçant, mais il n’a plu que plus tard dans la soirée. Il y avait beaucoup de monde en train de se promener comme nous, des petits groupes qui gardaient ses distances, et pas mal de petits enfants sur les jeux. Nous ne nous sommes pas trop arrêtés. Les garçons me disent qu’ils sont devenus trop grands pour jouer comme des bébés… 🙄

(jour 6 : 1h à pied) Dimanche. Malgrès la grisaille printanière et l’humidité qui colle, je suis sortie avec un livre audio dans les oreilles (Murder in Old Bombay by Nev March). À cause de la pluie, j’ai fait des zigzags dans le quartier: à chaque fois que la pluie s’intensifiait je faisais demi-tour pour rentrer à la maison, puis la pluie s’arrêtait et je ralongeais mon chemin, puis ça recommençait…

Au nom des pères

Novembre 1942. Marseille. – Mademoiselle Rose, vous seule pouvez me dire comment est mort mon fils. Vous y étiez, vous, sur cette place de malheur. Vous pourriez reconnaître les visages.

Rose est déterminée, jeune, tenace, ingénue et jolie. Elle cherche son amant. Et ne reconnaît pas les visages. Elle est témoin d’un crime : un résistant français et un officier allemand se sont battus au couteau. Qui a voulu tuer qui ? Personne ne le sait et Rose a retrouvé son amant mort.

Face à l’enquête menée à charge par une police sous influence et alors que le bruit des bottes allemandes retentit dans Marseille, Rose va dérouler le fil des événements qui ont conduit à cette bagarre mortelle pour remonter l’histoire des enfants et de leurs pères et révéler un épisode longtemps resté tabou de la Première Guerre mondiale.

Ma neuvième narration et production est disponible ! (Je reçois un bonus si vous achetez le livre audio en utilisant un des liens ci-dessous — sauf pour Audible .ca)

(Merci de laisser un commentaire sympa si l’écoute de ce livre audio vous plaît, ça m’encourage et ça aide d’autres lecteurs à découvrir mon travail !)

Audible FR : https://bit.ly/2WW5LTQ
Audible CA : https://bit.ly/3giYncE
Audible US : https://adbl.co/2OViHVn
Audible UK : https://adbl.co/3jCC2ZK
Audible DE : https://adbl.co/3g0YGIU

Oscillation

Bon ben, hier, alors que je voulais écrire ici un p’tit truc léger et rigolo, ou peut-être qui remonte un peu le moral, ou dumoins qui nous encourage tous à faire le mieux possible d’une situation difficile (oui, comme le reste du monde, en famille à la maison avec nulle part où aller — piscines, gyms et bibliothèques fermés, église annulée), j’ai eu la mauvaise idée de me googueuliser pour voir si j’avais des nouveaux commentaires à propos de mes audio books. J’attends toujours  impatiemment un ou des retours, particulièrement pour mes deux dernières productions (Le jardin secret de Marie et Un amour en si mineur).

Et là, surprise!, il y avait en effet un premier commentaire pour Un amour en si mineur de quelqu’un qui… n’a pas aimé mon travail ! 😳

l histoire est tres sympa. plutôt bien construite! mais la narration est terriblement monotone et sans vie. j ai nettement préféré la lire. l écouter a été un veritable supplice. je ne suis même pas allée jusqu au bout…

Ouch, ça fait mal ! Comment suis-je supposée me relever après une telle critique ? J’ai mon coeur qui se pince, une boule dans la gorge, un petit mal de ventre et une grande envie d’aller me coucher jusqu’à la fin du covid-19. C’est horrible !

Était-ce vraiment si nul que ça ? Dois-je vraiment me remettre en question ? Peut-être que mon auto-critique et les retours de l’auteur étaient complètement à côté de la plaque ? Peut-être que mon énonciation claire (dont je suis fière) et la subtilité des voix des personnage (que j’améliore) n’est qu’une fantaisie dans ma tête et dans mes oreilles ? Peut-être que toutes ces choses-là sont des idées claires et précises, mais ne sont pas audibles en vrai ? En fait, peut-être qu’il n’y a que moi qui entend mes progrès ! Et dans ce cas, quel est le but de toutes ces heures incalculables de travail ? J’adore ce que je fais, mais est-ce vraiment assez pour continuer ?

Aaargh ! *!@&$#%?!* (cris de détresse et désespoir)

Et puis, pour relativiser, je me force à me rappeller de tous les commentaire positifs que j’ai aussi reçu pour mes autres projets. Je sais que pour nourrir ma motivation, c’est à eux que je dois m’accrocher; une marrée de positivité contre une petite goutte négative. Ma narration pour ce livre-là n’était pas bien pire que les autres, non? (En fait, je pensais même que je m’étais vachement améliorée, mais du coup je doute !)

“The narration was well done: clean, clear and easy to follow” -Shannon, Audible Review

“N* is a fabulous French narrator because she does not have a strong regional accent – she is as neutral as one could wish.” -Erryn, Audible Review

“The narrator is a native French speaker, and she has a good voice for reading the stories.” -Julie, Audible Review

“Usually, it is difficult to strike a balance between a learning and entertaining experience; however, I think this book has found a way to achieve this feat. The narration is equally good. It features native speakers giving clues as to how commonly used French words are pronounced, however, in a conversational context. Excellent work.” -John, Audible Review

“The narration was well paced and suited for the entertaining feature of the stories, along with the learning goal of the audiobook.” -Emily, Audible Review

Pour relativiser, je me rappelle aussi de :

  • tous les acteurs ou chanteurs de renommée internationale que mon père “déteste” haut et fort (ça me fait rire) (on ne peut visiblement pas plaire à tout le monde),
  • de toutes les narrations de livres audio que j’ai moi-même préféré terminer lire en version papier (mais je ne suis quand-même pas allée écrire une mauvaise critique à propos du travail du narrateur, qui, ma foi, avait une voix probablement incompatible avec mes oreilles),
  • et puis je pense aussi aux innombrables livres que je n’ai pas pû terminer parce que l’histoire ne collait pas avec mon humeur du moment (rien à voir avec la qualité du travail de l’auteur, donc — et je ne suis également pas allée écrire une critique négative pour autant).

Maintenant j’espère fort, fort, fort qu’il y aura bientôt quelques critiques positives pour balancer ce seul et unique commentaire négatif… Il faudrait vraiment que je fasse des efforts de marketing, mais à part mon projet de podcast (qui devrait attirer des lecteurs vers mes livres audio — sauf si mon auditoire me trouve aussi nulle à chier… 😥 ) (en suspens pour l’instant puisque je suis en pleine production d’ Au nom des pères), je vois pas trop qu’est-ce que je pourrais faire de plus à part espérer que d’autres audio-lecteurs aimeront tellement qu’ils ne résisteront pas à l’envie d’écrire un truc gentil et d’en parler à leur entourage. Bref, le marketing c’est pas mon truc.

Un amour en si mineur

amour en si mineurLe voici, le voilà !

Mon tout premier livre audio de l’année 2020 vient de s’élancer dans le monde.  Je me sens fière et nerveuse à la fois. Fière, parce que c’est la huitième production depuis que je me suis lancée dans la folle aventure de faire des livres audio (il y a presque deux ans), et que je trouve que je m’améliore à chaque nouveau projet (ça m’encourage). Nerveuse, parce que j’espère que la voix que j’ai donné aux personnages va plaire plutôt qu’irriter (en tant que lectrice, je me sens parfois irritée par certaines voix de narrateurs, aïeaïeaïe, pourtant, comme on dit, ce n’est pas personnel). J’espère que ceux qui vont m’écouter laisserons des commentaires sympatiques…

L’auteur a donné vie à l’histoire de Jen et Lucas, et à mon tour je leur ai donné des voix… Que d’émotions ! C’est peut-être un peu débile de parler de ces personnages fictifs comme s’ils étaient des amis, mais pourtant, en quelque sorte, j’étais en leur companie pendant des mois, à leur écoute, vraiment à leur écoute, pendant des heures et des heures (j’ai lu, écouté, révisé chaque chapitre plusieurs fois !) (vous écoutez vos amis pendant autant de temps, vous?), j’ai même sympathisé avec leurs humeurs et leurs émotions (même si des fois j’étais pas d’accord avec eux) (je suis sûre que ça vous arrive avec vos amis aussi, non?) ! Quand j’ai terminé la production de ce livre, c’est un peu comme si je devais me séparer de mes compagnons de voyage, un voyage qui a duré plusieurs mois, et maintenant ce qu’il reste c’est un album de photos (le livre audio) que des inconnus vont regarder (écouter) et commenter (les commentaires peuvent faire ou défaire le succés d’un livre)…

S’il vous plaît, soyez gentils ! 😆

Audible US: adbl.co/2uxjBAS
Audible UK: adbl.co/3c7mIR0
Audible FR: bit.ly/387k6iM
Audible DE: adbl.co/2w7EBPk

Tessiture

Je me suis inspirée du questionnaire de Mahie pour vous donner des nouvelles, mais comme mes réponses ont prit une vie d’elles-mêmes, elles ne sont pas vraiment que des réponses à ses questions… Vous me suivez ?

Je viens de terminer de lire un manuscrit, “Au nom des pères”, de Mathieu Tazo,  qui est génialissime. C’est aussi mon prochain projet d’audio-livre (jusqu’à présent je disais toujours “livre audio” mais je viens d’entendre une française dire “audio-livre”, c’est comment qu’on dit ?), alors du coup je suis extatique de travailler avec du si bon matériel, mais aussi je m’inquiète (un peu) de la qualité de mon propre travail et j’espère qu’il sera à la hauteur d’un si bon roman. Pourtant si l’auteur a répondu favorablement à mon audition, c’est qu’il apprécie ce que je fais, non ? Et en plus, j’ai eu une discussion par Skype avec lui, le courant passe bien et les retours sont positifs, donc il n’y a pas de raisons que ça n’aille pas ! On va pouvoir faire quelque chose de très bien, quoi ! Pourquoi est-ce que je me tourmente, boudiou?!!!

Je dis « respect » à : tous les artistes qui continuent d’avancer et de créer malgrés tout, malgrés les périodes creuses (créatives ou financières), malgrés le manque de confiance en soi, les doutes qui rongent tôt ou tard, et malgrés aussi, souvent, l’incompréhension du public ou des proches.

La dernière fois que je vous ai montré des photos de mon studio, j’étais installée au sous-sol de l’ancienne maison. Il y avait plus d’espace, oui, mais pour un studio d’enregistrement ce n’est pas vraiment un avantage puisqu’il faut tuer autant d’échos et de réverbérations que possible. Maintenant, je me suis installée dans la chambre la plus petite de la maison, à l’étage, où il fait plus chaud qu’au sous-sol et c’est plus lumineux (meilleur pour le moral). Il y a une fenêtre avec une vue du jardin, des arbres, et du parc  derrière chez nous, relativement calme (moins de bruits de circulation que si la chambre donnait sur l’avant de la maison). J’ai insonnorisé autour du micro de la même manière qu’avant, avec des couvertures de déménagement (plus un édredon en plumes pour bonne mesure !) au-dessus et tout autour du bureau. Si nous étions propiétaires, j’insonnoriserai probablement avec des panneaux accrochés aux murs comme ceux-là, mais tous les commentaires et critiques m’informent que la différence est surtout esthétique. C’est vrai que pour l’instant je suis tout à fait satisfaite de la qualité du son.

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Le bureau d’enregistrement (à gauche) avec le micro suspendu à un boom arm (pour limiter les sons de vibration de la table) et le manuscrit étalé devant moi sur un support incliné (pour limiter de tourner des pages). Le bureau d’édition devant la fenêtre(à droite) avec le laptop pas trop proche du micro pour pas qu’il capte le petit bruit de ventilation.

 

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Je sais pas trop ce que je voulais montrer avec cette photo. Sauf peut-être qu’en effet la chambre est petite (je n’arrivais pas à reculer suffisament pour avoir une vue d’ensemble). Il y a des étagères avec des livres à gauche, une penderie dans le coin (remplie de manteaux qui bouffent le son) et ce vieux placard en bois que j’aime bien et que j’ai trouvé gratuit (!).

Comment est-ce que je me prépare pour un projet ?

D’abord il faut que je trouve un bon livre…

J’utilise la plateforme ACX.com où les auteurs postent le profil du livre qu’ils souhaitent mettre en format audio (avec le lien Amazon vers le format papier et digital et, surtout, les commentaires des lecteurs), parallèlement les narrateurs/producteurs (comme moi) ont un profil avec des extraits de leur travail. Mon “problème” actuel est qu’il y a beaucoup plus de possibilité de projets en anglais, qu’en français. J’ai la nette impression que le marché du livre audio est beaucoup plus développé dans le monde anglophone, que dans les pays francophones, mais j’ai l’espoir que ça va grandir en même temps que mon expérience dans le domaine.

Quand j’ai vu le titre d’ “Au nom des pères”, je suis d’abord allée lire les commentaires Amazon (tous très bons), j’ai téléchargé l’extrait gratuit sur mon Kindle que j’ai lu à toute vitesse (très bien écrit), puis j’ai envoyé un court message à l’auteur pour établir contact et informer que j’étais en train de préparer une audition (je ne voulais pas que ce projet me glisse entre les doigts). Quelques jours plus tard, quand l’auteur m’a fait savoir qu’il avait aimé mon audition, j’ai découvert que c’est toujours une bonne idée d’annoncer mes couleurs tout de suite pour ne pas avoir de surprises : je travaille avec minutie et je  vérifie plusieurs fois chaque chapitre avant de les télécharger, par conséquent la production d’un livre audio n’est pas un travail rapide (au moins 8 semaines, souvent plus), aussi je communique régulièrement avec l’auteur si je remarque des erreurs dans le manuscrit, et j’apprécie de-même au fur et à mesure qu’il écoute les chapitres qui sont prêts. Bref, je priorise la qualité du travail, plutôt que la vitesse de production.

Une fois le contrat “signé” (c’est un accord entre la companie de distibution, l’auteur, et le narrateur/producteur — moi), l’auteur me fait parvenir le manuscrit au complet. Apparemment, parfois, l’auteur envoie le livre en format physique par la poste, mais dans mon cas j’ai toujours reçu un format doc ou pdf que j’imprime (c’est quand même plus rapide et pratique, surtout que j’écris un tas de notes sur le manuscrit pendant la production).

Ensuite, je lis le manuscrit au complet. Cette première lecture est très importante parce qu’elle me permet non seulement de connaître l’histoire et les personnages, mais aussi d’être sûre que je suis à l’aise pour lire/enregistrer toutes les scènes. Il m’est aussi arrivé de devoir annuler un contrat après cette première lecture parce que j’ai eu la mauvaise surprise de réaliser que seule la traduction des extraits (gratuit et audition) avait été bien révisée… Pas glop.

J’établie alors le débit de lecture (vitesse) et de la voix des personnages. Pour le débit, parfois l’auteur veut quelque chose de spécifique (pour les histoires courtes en français pour étudiants, on m’a demandé “plutôt lent, mais naturel”). Pour les personnages, je demande à l’auteur si il a un document avec le profil des personnages (certains écrivains font ça dans leur processus d’écriture mais pas tous). Sinon un échange d’emails ou une discution sur Skype suffit à éclaircir mes doutes ou me rassurer sur la direction à prendre. Je prépare alors les premières “15 minutes” du livre pour donner à l’auteur une idée de ce que ça va donner. La qualité doit être identique au reste de la production pour donner une idée réelle du travail fini. Quand cet extrait a été accepté par l’auteur (via le site d’acx), un vrai rythme de production peut s’installer.

Ce que je trouve le plus fascinant, intéressant, addictif ?

Pour des productions de théatre ou d’opéra, je n’étais responsable que d’un seul personnage, mais pour une production de livre audio, je donne “vie” à tout un cast de personnages ! Le travail vocal est très différent mais tout aussi intéressant. Bien sûr, je n’utilise pas la respiration d’envergure et les résonnances de chanteur d’opéra. Je n’ai pas besoin d’exprimer quoi que se soit physiquement, ni par le corp ni avec le visage. Je n’ai pas besoin, non plus, de mémoriser quoi que se soit, ni la musique, ni les déplacements sur scène. Par contre pour chacun des personnages, je dois trouver un moyen naturel et subtil de différencier sa voix d’un autre. Je dois trouver des différences sans pour autant tomber dans la caricature; je fais de la narration, pas des dessins-animés ! 😆 Parfois la différence est simplement la tessiture (résonnances de tête pour une femme, résonnances de poitrine pour un homme), des fois c’est dans le débit ou un accent (si un personnage parle avec un accent du sud de la France, ça sort tout seul). Mais en fait,  j’essaie de me mettre dans la peau de chacun des personnages, d’avoir une vision claire de qui ils sont, plutôt que de penser techniquement à où placer ma voix à chaque fois. C’est plus facile et donne un résultat plus naturel, à mon avis.